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GUILLAUME APOLLINAIRE

"La lepra - La lèpre"

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LA LEPRA
LA LÈPRE

Como alguien acababa de decir que el idioma italiano ofrece muy pocas dificultades, el barón d'Ormesan protestó con la certeza de alguien que habla una docena de lenguas europeas o asiáticas:

 

Comme on venait de constater que la langue italienne n'offre que peu de difficultés, le baron d'Ormesan protesta avec l'assurance d'un homme qui parle une quinzaine d'idiomes européens ou asiatiques:

—¿Que el italiano no es difícil? ¡Qué error!... Puede que sus dificultades sean poco observables, pero no por ello dejan de existir, créame; tengo experiencia al respecto. Esas dificultades fueron la causa de que casi cayese víctima de la lepra, ese terrible mal que, parecido a las dificultades de la lengua italiana, se oculta y parece haber desaparecido, mientras que, en realidad, continúa extendiéndose causando estragos por las cinco partes del mundo.

 

—Pas difficile, l'italien? Quelle erreur!... Il se peut que ses difficultés soient peu apparentes, mais elles n'en existent pas moins, croyez-moi. J'en ai fait l'expérience. Elles furent cause que je faillis attraper la lèpre, ce mal terrible qui, semblable aux difficultés que présente la langue italienne, se cache, semble avoir disparu, tandis qu'il n'en continue pas moins à étendre ses ravages à travers les cinq parties du monde.

—¡La lepra!

 

—La lèpre!

—¿A causa del italiano?

 

—À cause de l'italien?

—¡Cuéntenos usted eso?

 

—Racontez-nous ça!

—¡Debe ser horroroso!

 

—Ce doit être affreux!

Al escuchar esas exclamaciones que probaban el éxito de su paradójica declaración, el barón d'Ormesan sonrió. Le alargué la caja de cigarros. Eligió uno y lo encendió después de haberle sacado la etiqueta, que se colocó en el anular, siguiendo una tonta costumbre que había adquirido en Alemania. Después de haber arrojado algunas bocanadas triunfales sobre sus oyentes, comenzó a hablar con un tono de vana condescendencia:

 

En écoutant ces exclamations qui prouvaient le succès de sa déclaration paradoxale, le baron d'Ormesan souriait. Je lui tendis la boîte de cigares. Il en choisit un, l'alluma, après en avoir retiré la bague qu'il mit à son auriculaire droit, selon une sotte habitude qui lui venait d'Allemagne. Puis, après avoir lancé quelques bouffées triomphantes sur ceux qui l'entouraient, il commença sur un ton de condescendance assez vaine:

—Hace unos doce años viajaba yo por Italia. En ese entonces era un lingüista muy ignorante; hablaba malísimamente el inglés y el alemán, y en cuanto al italiano, lo macarronizaba; es decir, me servía de palabras francesas a las que agregaba terminaciones sonoras, y usaba también palabras en latín. En una palabra, me hacía entender.

 

—Il y a près de douze ans, je voyageais en Italie. J'étais à cette époque un linguiste très ignorant. Je parlais fort mal l'anglais et l'allemand. Pour l'italien, je macaronisais, c'est-à-dire que je me servais de mots français auxquels j'ajoutais des terminaisons sonores, j'usais aussi de mots latins; bref, je me faisais comprendre.

Había recorrido a pie buena parte de la Toscana, cuando llegué una tarde, a eso de las seis, a una deliciosa aldea, donde debía pernoctar. En la única posada del lugar me dijeron que todas las habitaciones estaban tomadas por un grupo de ingleses.  

Je venais de parcourir à pied une partie importante de la Toscane, lorsque j'arrivai un soir, vers six heures, dans une jolie bourgade où je devais coucher. À l'unique auberge de l'endroit, on m'avertit que toutes les chambres étaient retenues par une troupe d'Anglais.

El posadero me aconsejó que fuese a pedir albergue al cura. Este me recibió muy bien y pareció encantado de mi idioma híbrido, que de buen grado y haciéndome un gran honor, comparó a la lengua del Sueño de Polifilo. Le repuse que me contentaba con imitar involuntariamente a Merlin Coccaie. Rió mucho, diciéndome que precisamente su nombre era Folengo, lo que pareció una casualidad bastante extraordinaria. Acto seguido me condujo a su dormitorio, que puso a mi disposición. Quise rehusar, pero de nada valió. Este digno abate Folengo entendía la hospitalidad a la usanza toscana, sin duda, porque ni siquiera insinuó la intención de cambiar las sábanas de su cama, y no pude hallar un buen pretexto para pedir al buen cura, sin ofenderlo, un par de sábanas limpias.

 

L'aubergiste me conseilla de demander asile au curé. Il me reçut fort bien et parut charmé de mon langage hybride, qu'il voulut bien, et c'était trop d'honneur, comparer à la langue du Songe de Poliphile. Je lui répondis que je me contentais d'imiter involontairement le Merlin Coccaie. Il rit beaucoup, en me disant que justement il se nommait Folengo, ce qui me parut un hasard assez extraordinaire. Ensuite, il me mena à sa chambre qu'il me montra. Je voulus refuser. Mais rien n'y fit. Ce digne abbé Folengo entendait l'hospitalité d'une façon toscane, sans doute, car il ne manifesta même pas l'intention de changer les draps de son lit. J'y devais coucher, et je ne pus trouver un prétexte pour demander au bon prêtre, et sans le froisser, des draps propres.

Comí a solas con el cura Folengo. El menú fue tan delicado que olvidé las nefastas sábanas, entre las que me acosté hacia las diez de la noche. Me dormí en seguida. Llevaba casi un par de horas de sueño cuando fui despertado por unas voces que llegaban desde el cuarto vecino. Don Folengo hablaba con su gobernanta, la respetable señora de setenta años que nos había preparado la suculenta comida que aún estaba digiriendo. El cura hablaba animadamente. La gobernanta le respondía con voz agridulce. Una palabra que a cada instante escuchaba durante la conversación me chocó: la lepre. Me pregunté qué motivos habría para que a esas horas estuviesen hablando de ese terrible mal: la lepra.

 

Je dînai tête à tête avec le curé Folengo. La chère fut si délicate que j'oubliai les draps malencontreux, dans lesquels je m'étendis vers les dix heures. Je m'endormis aussitôt. Mon sommeil durait depuis une couple d'heures, lorsque je fus éveillé par un bruit de voix qui venait de la pièce voisine. Dom Folengo causait avec sa gouvernante, respectable personne de soixante-dix ans, qui nous avait préparé le succulent repas que je digérais encore. Le curé parlait avec animation. Sa gouvernante lui répondait d'une voix aigre-douce. Un mot, qui revenait à tout propos dans leur conversation me frappa: la lèpre. Je me demandai d'abord quelle raison ils pouvaient avoir de parler de cette terrible maladie: la lèpre.

Entonces evoqué la figura del abate Folengo y me pareció que estaba hinchado. Sus manos eran muy gruesas. Continuando mi razonamiento, tuve que reconocer que el sacerdote toscano era imberbe a pesar de su edad avanzada. Era demasiado. El espanto se apoderó de mí. Algunas aldeas italianas, al igual que ciertos pueblitos franceses, son verdaderos semilleros de lepra. Y ahora estaba seguro: don Folengo era leproso. Yo estaba acostado en el lecho de un leproso. Las sábanas no habían sido siquiera cambiadas. En ese momento las voces callaron. Poco después se oyeron los ronquidos del sacerdote en la pieza vecina. Escuché crujir los peldaños de una escalera de madera: la gobernanta subía a su bohardilla a acostarse. Mi terror crecía. Pensaba que los médicos aún no se han puesto de acuerdo a propósito del contagio de la lepra. Esos pensamientos no eran los más apropiados para tranquilizarme. Me decía que el abate me había ofrecido su lecho como acto de caridad y que, durante la noche, se percató de que de esa manera podía transmitirme su mal. De eso habría estado hablando con su gobernanta y, sin duda, antes de dormirse rogaría a Dios para que su imprudencia no tuviese una consecuencia desgraciada. Me levanté bañado en sudor frío y me acerqué a la ventana.

 

Puis, je me représentai combien l'abbé Folengo était bouffi. Ses mains étaient épaisses. Continuant, mon raisonnement, je dus convenir que le prêtre toscan était imberbe, malgré son âge assez avancé. C'en était assez. L'effroi s'empara de mon esprit. Certains villages italiens, aussi bien que certaines bourgades françaises, sont des foyers de lèpre. Et j'en étais certain. Dom Folengo était ladre. Je couchais dans le lit d'un lépreux. Les draps n'avaient même pas été changés. À ce moment les bruits de voix cessèrent. La prêtre ronfla bientôt dans la pièce voisine. Et j'entendis craquer les marches d'un escalier de bois. La gouvernante montait se coucher dans les combles. Ma terreur grandissait. Je pensai que les médecins ne sont pas d'accord au sujet de la contagion de la lèpre. Ces pensées n'étaient point faites pour me rassurer. Je me disais que l'abbé m'avait offert son lit en toute charité, puis que dans la nuit il s'était souvenu qu'il pouvait ainsi me communiquer son mal. C'est de cela qu'il parlait avec sa gouvernante, et sans doute avant de s'endormir avait-il prié Dieu pour que son imprudence n'eût pas une malheureuse issue. Couvert d'une sueur froide, je me levai et me mis à la fenêtre.

El reloj de la iglesia dio la media noche. No pude más y, fatigado, me senté en el piso y me dormí apoyado contra la pared. El frescor de la mañana me despertó a eso de las cuatro: estornudé unas treinta veces y temblaba al mirar el lecho fatal. Despertado por mis estornudos, el abate Folengo entró en la habitación:

 

Minuit sonna à l'horloge de l'église. Bientôt je n'y tins plus. Harassé, je m'assis par terre et m'endormis appuyé contre le mur. La fraîcheur du matin m'éveilla vers quatre heures. J'éternuai une trentaine de fois, et frissonnai en regardant le lit fatal. L'abbé Folengo, que mes éternuements avaient éveillé, entra dans la chambre:

—¿Qué hace usted en camisa, contra la ventana? —me preguntó—. Me parece, mi querido huésped, que estaría usted mejor en esa cama.

 

—Que faites-vous assis en chemise, contre la fenêtre? me demanda-t-il. Je pense, mon cher hôte, que vous seriez mieux dans ce lit.

Miré al cura. Su tez era rosada; era grueso, pero su salud, debo confesarlo, parecía floreciente.

 

Je regardais le prêtre. Son teint était rose. Il était gras, mais sa santé, je dus me l'avouer, paraissait florissante.

—Señor — le dije—; usted sabe que el clima de París y aun el de la Ile-de-France es poco favorable para el desarrollo de la lepra. Ese clima tiene, incluso, la saludable propiedad de hacer degradar ese mal. Muchos leprosos asiáticos o de Colombia, en América, donde esa enfermedad es muy frecuente, sólo piensan en redondear cierta suma de dinero que les permita vivir dos o tres años en París. Habiéndose atenuado la lepra durante ese tiempo, vuelven a sus países para amasar una nueva fortuna que les permita pasar otra temporada a orillas del Sena.

 

—Monsieur, lui dis-je, savez-vous que le climat de Paris, et celui de l'Ile-de-France en général, sont peu favorables au développement de la lèpre. Ce climat a même la salutaire propriété de faire rétrograder cette maladie. Beaucoup de lépreux asiatiques, ceux de la Colombie, en Amérique, où ce mal est des plus fréquents, donnent comme but à leur existence l'arrondissement d'un pécule suffisant à les faire vivre deux ou trois ans à Paris. Après cette période, leur ladrerie s'étant atténuée, ils retournent dans leur pays amasser un nouveau trésor qui leur permettra un nouveau séjour aux bords de la Seine.

—¿Adonde quiere usted ir a parar? —me preguntó el padre Folengo—. Habla usted, si no me equivoco, de la lepra, la lepra, esa terrible enfermedad que hizo tantos estragos durante la Edad Media.

 

—Où voulez-vous en venir, me demanda l'abbé Folengo, vous parlez, si je ne me trompe pas, de la lèpre, la lebbra, cette terrible maladie qui fit tant de ravages au moyen-âge.

—No son menores los que causa actualmente —le respondí, mirándolo severamente—, y en cuanto a los sacerdotes que la padecen, creo que estarían mejor en los lazaretos de Honolulú o en otras leproserías asiáticas. Allí podrían cuidar de sus compañeros de infortunio...

 

—Elle n'en cause pas moins aujourd'hui, lui répondis-je, en le fixant sévèrement, et quant aux prêtres qui en sont atteints, leur place serait plutôt dans les maladreries d'Honolulu, ou dans d'autres léproseries asiatiques. Ils y pourraient soigner leurs compagnons d'infortune...

—Pero, ¿por qué me habla usted de esas cosas horribles a hora tan temprana? —replicó el abate Folengo—. No son todavía las cinco; el sol apenas si apunta en el horizonte. La aurora que colorea el cielo de púrpura no me parece hecha para inspirar tan fúnebres pensamientos.

 

—Mais pourquoi me parlez-vous de ces choses horribles d'aussi bonne heure? répliqua l'abbé Folengo. Il n'est pas encore cinq heures. Le soleil paraît à peine à l'horizon. L'aurore qui empourpre le ciel ne me paraît point faite pour inspirer d'aussi funèbres pensées.

—Confiéselo ya señor abate —exclamé—: es usted leproso; se lo escuché decir anoche...

 

—Avouez-le donc, signor abbé, m'écriai-je, vous êtes lépreux, je vous ai entendu cette nuit...

Don Folengo parecía estupefacto y aterrado:

 

Dom Folengo semblait stupéfait et atterré.

—Señor francés —me dijo—: se engaña usted; no soy leproso, y me pregunto cómo pudo ocurrírsele idea tan desoladora.

 

—Monsieur le Français, me dit-il, vous vous trompez, je ne suis pas lépreux, et je me demande comment ces idées désolantes vous sont venues?

—No, señor abate —precisé—: lo escuché a usted anoche. Hablaba de la lepra con su gobernanta en la pieza vecina.

 

—Non, signor abbé, précisai-je, je vous ai entendu cette nuit. Vous parliez de la lèpre avec votre gouvernante, dans la pièce voisine.

El abate Folengo estalló en una carcajada:

 

L'abbé Folengo partit d'un grand éclat de rire.

—Ustedes los franceses —dijo riendo hasta las lágrimas—, no pueden venir a Italia sin que les ocurra una historia por el estilo, testigo, vuestro Paul-Louis Courier, que cuenta algo muy parecido en una de sus cartas... Lepre significa liebre en italiano. Está abierta la temporada de caza, y uno de mis fieles me ha traído estos últimos días una liebre soberbia. De ello hablaba anoche con mi gobernanta, pues me parece que ya está a punto. Nos será servida hoy mismo, a mediodía. Se regalará usted con ella y se felicitará de haber aumentado sus conocimientos lingüísticos al precio de una mala noche.

 

—Vous autres Français, dit-il en continuant à rire aux larmes, vous ne pouvez venir en Italie sans qu'il vous arrive une histoire de ce genre, témoin votre Paul-Louis Courier, qui fait un récit à peu près semblable dans une de ses lettres... La lepre signifie le lièvre en italien. La chasse est ouverte. Ces jours derniers, un de mes paroissiens m'a apporté un lièvre superbe; j'en parlais cette nuit avec ma gouvernante, car il me paraît être à point. On nous le servira aujourd'hui même, à midi. Vous vous régalerez, en vous félicitant d'avoir, au prix d'une mauvaise nuit, augmenté votre bagage de connaissances linguistiques.

Me sentí confundido. Pero la liebre me pareció deliciosa. Es que las peores cosas, hasta la misma lèpre, pueden resultar excelentes, siempre y cuando se sepa acomodarlas y acomodarse uno a ellas.

 

J'étais tout penaud. Mais le lièvre me parut délicieux. C'est que les pires choses, la lèpre elle-même, peuvent devenir excellentes, lorsqu'on sait les accommoder et s'en accommoder.

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