"Magnetismo - Magnétisme"
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Biografía de Guy de Maupassant en Wikipedia |
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MAGNETISMO
| MAGNÉTISME | |
Era al final de una cena de hombres, a la hora de los interminables cigarros y de las incesantes copitas, en medio del humo y el cálido torpor de las digestiones, en el ligero trastorno de las cabezas tras tanta comida y licores absorbidos y mezclados. | C'était à la fin d'un dîner d'hommes, à l'heure des interminables cigares et des incessants petits verres, dans la fumée et l'engourdissement chaud des digestions, dans le léger trouble des têtes après tant de viandes et de liqueurs absorbées et mêlées. | |
Se habló de magnetismo, de los espectáculos de Donato y de las experiencias del doctor Charcot. De pronto, aquellos hombres escépticos, amables, indiferentes a toda religión, se pusieron a contar hechos extraños, historias increíbles pero reales, afirmaban, cayendo bruscamente en creencias supersticiosas, aferrándose a ese último resto de lo maravilloso, convertidos en devotos de ese misterio del magnetismo, defendiéndolo en nombre de la ciencia. | On vint à parler du magnétisme, des tours de Donato et des expériences du docteur Charcot. Soudain ces hommes sceptiques, aimables, indifférents à toute religion, se mirent à raconter des faits étranges, des histoires incroyables mais arrivées, affirmaient-ils, retombant brusquement en des croyances superstitieuses, se cramponnant à ce dernier reste de merveilleux, devenus dévots, à ce mystère du magnétisme, le défendant au nom de la science. | |
Sólo uno sonreía, un muchacho vigoroso, gran perseguidor de muchachas y cazador de mujeres, cuya incredulidad hacia todo estaba tan fuertemente anclada en él que no admitía ni la más mínima discusión. | Un seul souriait, un vigoureux garçon, grand coureur de filles et chasseur de femmes, chez qui une incroyance à tout s'était ancrée si fortement qu'il n'admettait même point la discussion. | |
No dejaba de repetir, riendo burlonamente: -¡Tonterías! ¡Tonterías! ¡Tonterías! No discutiremos de Donato, que es simplemente un hábil prestidigitador lleno de trucos. En cuanto al señor Charcot, del que se dice que es un notable sabio, me da la impresión de estos cuentistas tipo Edgar Poe, que terminan volviéndose locos a fuerza de reflexionar sobre extraños casos de locura. Ha constatado fenómenos nerviosos inexplicados y aún inexplicables, avanza por ese mundo desconocido que explora cada día, e incapaz de comprender lo que ve, recuerda quizá demasiado las explicaciones eclesiásticas de los misterios. Querría oír hablar de otras cosas completamente distintas de lo que todos ustedes repiten. | Il répétait en ricanant: «Des blagues! des blagues! des blagues! Nous ne discuterons pas Donato qui est tout simplement un très malin faiseur de tours. Quant à M. Charcot qu'on dit être un remarquable savant, il me fait l'effet de ces conteurs dans le genre d'Edgar Poe, qui finissent par devenir fous à force de réfléchir à d'étranges cas de folie. Il a constaté des phénomènes nerveux inexpliqués et encore inexplicables, il marche dans cet inconnu qu'on explore chaque jour, et ne pouvant toujours comprendre ce qu'il voit, il se souvient trop peut-être des explications ecclésiastiques des mystères. Et puis je voudrais l'entendre parler, ce serait tout autre chose que ce que vous répétez.» | |
Hubo alrededor del incrédulo una especie de movimiento de piedad, como si hubiera blasfemado en medio de una reunión de monjes. | Il y eut autour de l'incrédule une sorte de mouvement de pitié, comme s'il avait blasphémé dans une assemblée de moines. | |
Uno de los reunidos exclamó: | Un de ces messieurs s'écria: | |
-Sin embargo, hubo un tiempo en que se produjeron milagros. | -Il y a eu pourtant des miracles autrefois. | |
Pero el otro respondió: | Mais l'autre répondit: | |
-Lo niego. ¿Por qué ya no los hay? | -Je le nie. Pourquoi n'y en aurait-il plus? | |
Entonces cada uno aportó un hecho, presentimientos fantásticos, comunicaciones de almas a través de grandes espacios, influencias secretas de un ser sobre otro. Y afirmaban su veracidad, declarándolos hechos indiscutibles, mientras el negador empedernido repetía: -Tonterías! ¡ Tonterías! ¡ Tonterías! | Alors chacun apporta un fait, des pressentiments fantastiques, des communications d'âmes à travers de longs espaces, des influences secrètes d'un être sur un autre. Et on affirmait, on déclarait les faits indiscutables, tandis que le nieur acharné répétait: «Des blagues! des blagues! des blagues!» | |
Finalmente se levantó, arrojó su cigarro y, con las manos en los bolsillos, dijo: -Bien, yo también voy a contarles dos historias, y luego se las explicaré. Aquí están: | A la fin il se leva, jeta son cigare, et les mains dans les poches: «Eh bien, moi aussi, je vais vous raconter deux histoires, et puis je vous les expliquerai. Les voici: | |
»En el pequeño pueblo de Entretat, los hombres, todos marineros, van cada año al banco Terranova a pescar el bacalao. Una noche, el hijo pequeño de uno de esos marinos se despertó sobresaltado gritando que su «papá había muerto en el mar». Se calmó al pequeño, que al poco tiempo se despertó de nuevo gritando que «su papá se había ahogado». Un mes más tarde se supo que efectivamente su padre había muerto tras se arrastrado por un golpe de mar. La viuda recordó entonces cómo se había despertado el niño. Se gritó milagro, todo el mundo se emocionó, se comprobaron las fechas, y se halló que el incidente y sueño coincidían más o menos; de ahí se llegó a la conclusión de que se habían producido la misma noche, a la misma hora. He aquí un misterio de magnetismo. | «Dans le petit village d'Étretat les hommes, tous matelots, vont chaque année au banc de Terre-Neuve pêcher la morue. Or, une nuit, l'enfant d'un de ces marins se réveilla en sursaut en criant que son «pé était mort à la mé». On calma le mioche qui se réveilla de nouveau en hurlant que son «pé était neyé». Un mois après on apprenait en effet la mort du père enlevé du pont par un coup de mer. La veuve se rappela les réveils de l'enfant. On cria au miracle, tout le monde s'émut; on rapprocha les dates; et il se trouva que l'accident et le rêve avaient coïncidé à peu près; d'où l'on conclut qu'ils étaient arrivés la même nuit, à la même heure. Et voilà un mystère du magnétisme.» | |
El narrador se interrumpió. Entonces uno de los oyentes, muy emocionado, preguntó: -¿Y usted puede explicar eso? | Le conteur s'interrompit. Alors un des auditeurs fort ému demanda:-Et vous expliquez ça, vous? | |
-Perfectamente, señor, he hallado el secreto. El hecho me sorprendió e incluso me azaró vivamente; pero entienda, yo no creo por principio. Del mismo modo que los demás empiezan por creer, yo empiezo por dudar; y cuando no comprendo en absoluto, sigo negando toda comunicación telepática de las almas, seguro de que mi penetración sola es suficiente. Bien, busqué, busqué, y a fuerza de interrogar a todas las mujeres de los marinos ausentes, terminé por convencerme de que no pasaban ocho días sin que una de ellas o uno de sus hijos soñara y anunciara al despertar que su «papá había muerto en el mar». El horrible y constante temor de este accidente hace que se hable constantemente de él, que se piense en él sin cesar. Y, si una de estas frecuentes predicciones coincide, por un azar muy simple, con una muerte, se grita de inmediato milagro, ya que se olvida de pronto todos los demás sueños, todos los demás presagios, todas las demás profecías de desgracia que se han quedado sin confirmar. Yo, por mi parte, he tomado en consideración más de cincuenta de ellas cuyos autores, ocho días más tarde, ni siquiera las recordaban. Pero si el hombre había muerto realmente, el recuerdo se despertaba de inmediato, y se celebraba la intervención de Dios según algunos, del magnetismo según otros. | -Parfaitement, Monsieur, j'ai trouvé le secret. Le fait m'avait surpris et même vivement embarrassé; mais moi, voyez-vous, je ne crois pas par principe. De même que d'autres commencent par croire, je commence par douter; et quand je ne comprends nullement, je continue à nier toute communication télépathique des âmes, sûr que ma pénétration seule est suffisante. Eh bien, j'ai cherché, cherché, et j'ai fini, à force d'interroger toutes les femmes des matelots absents, par me convaincre qu'il ne se passait pas huit jours sans que l'une d'elles ou l'un des enfants rêvât et annonçât à son réveil que le «pé était mort à la mé». La crainte horrible et constante de cet accident fait qu'ils en parlent toujours, y pensent sans cesse. Or, si une de ces fréquentes prédictions coïncide, par un hasard très simple, avec une mort, on crie aussitôt au miracle, car on oublie soudain tous les autres songes, tous les autres présages, toutes les autres prophéties de malheur, demeurés sans confirmation. J'en ai pour ma part considéré plus de cinquante dont les auteurs, huit jours plus tard, ne se souvenaient même plus. Mais si l'homme, en effet, était mort, la mémoire se serait immédiatement réveillée, et l'on aurait célébré l'intervention de Dieu selon les uns, du magnétisme selon les autres. | |
Uno de los fumadores declaró: | Un des fumeurs déclara: | |
-Es justo lo que usted dice, pero veamos su segunda historia. | -C'est assez juste, ce que vous dites là, mais voyons votre seconde histoire? | |
-¡Oh! Mi segunda historia es muy delicada de contar. Me ocurrió a mi personalmente, así que desconfío un poco de mi propia apreciación. Nunca se es equitativamente juez y parte. En fin, ahí va. | -Oh! ma seconde histoire est fort délicate à raconter. C'est à moi qu'elle est arrivée, aussi je me défie un rien de ma propre appréciation. On n'est jamais équitablement juge et partie. Enfin la voici: | |
»En mis relaciones mundanas había una joven en la que yo no pensaba en absoluto, que nunca había observado atentamente, a la que jamás había echado el ojo encima, como se dice. | «J'avais dans mes relations mondaines une jeune femme à laquelle je ne songeais nullement, que je n'avais même jamais regardée attentivement, jamais remarquée, comme on dit. | |
»La clasificaba entre las insignificantes, pese a que no era en absoluto fea; en fin, me parece que tenía unos ojos, una nariz, una boca, unos cabellos indeterminados, toda una fisonomía apagada; era uno de esos seres en los cuales no se piensa más que por azar, sobre los cuales el deseo pasa de largo. | «Je la classais parmi les insignifiantes, bien qu'elle ne fût pas laide; enfin elle me semblait avoir des yeux, un nez, une bouche, des cheveux quelconques, toute une physionomie terne; c'était un de ces êtres sur qui la pensée ne semble se poser que par hasard, ne se pouvoir arrêter, sur qui le désir ne s'abat point. | |
»Sin embargo, una noche, mientras escribía unas cartas en un rincón junto al fuego antes de meterme en la cama, sentí en medio de este aluvión de ideas, de esta procesión de imágenes que rozan tu cerebro cuando permaneces unos instantes sumido en la ensoñación, con la pluma en el aire, una especie de pequeño soplo que rozó mi espíritu, un muy ligero estremecimiento de mi corazón, e inmediatamente, sin razón alguna, sin el menor encadenamiento de pensamientos lógicos, vi con claridad, vi como si la estuviera tocando, vi de pies a cabeza, y sin ningún velo, a esa joven en la que jamás había pensado más de tres segundos consecutivos, el tiempo que su nombre cruzaba mi cabeza. Y de pronto descubrí en ella un montón de cualidades que jamás había observado, un encanto dulce, una lánguida atracción despertó en mí esa especie de inquietud de amor que te hace perseguir a una mujer. Pero no pensé en ello demasiado tiempo. Me acosté, me dormí. Y soñé. | «Or, un soir, que j'écrivais des lettres au coin de mon feu avant de me mettre au lit, j'ai senti au milieu de ce dévergondage d'idées, de cette procession d'images qui vous effleurent le cerveau quand on reste quelques minutes rêvassant, la plume en l'air, une sorte de petit souffle qui me passait dans l'esprit, un tout léger frisson du coeur, et immédiatement, sans raison, sans aucun enchaînement de pensées logique, j'ai vu distinctement, vu comme si je la touchais, vu des pieds à la tête, et sans voile, cette jeune femme à qui je n'avais jamais songé plus de trois secondes de suite, le temps que son nom me traversât la tête. Et soudain je lui découvris un tas de qualités que je n'avais point observées, un charme doux, un attrait langoureux; elle éveilla chez moi cette sorte d'inquiétude d'amour qui vous met à la poursuite d'une femme. Mais je n'y pensai pas longtemps. Je me couchai, je m'endormis. Et je rêvai. | |
»Todos ustedes han tenido sueños singulares, ¿verdad?, que los convierten en dueños de lo imposible, que les abren puertas infranqueables, alegrías inesperadas, brazos impenetrables. | «Vous avez tous fait de ces rêves singuliers, n'est-ce pas, qui vous rendent maîtres de l'impossible, qui vous ouvrent des portes infranchissables, des joies inespérées, des bras impénétrables? | |
»¿Quién de nosotros, en estos sueños turbados, nerviosos, jadeantes, no ha tenido, abrazado, acariciado, poseído con una agudeza de sensaciones extraordinaria, a aquélla que ocupaba su imaginación? ¡Y habrán observado qué delicias sobrehumanas aportan la buena fortuna de estos sueños! ¡En qué locas embriagueces nos arrojan, con qué fogosos espasmos nos conducen, y qué ternura infinita, acariciante, penetrante, infunden en el corazón hacia aquella que se tiene, desfallecida y cálida, en esa ilusión adorable y brutal que parece una realidad! | «Qui de nous dans ces sommeils troublés, nerveux, haletants, n'a tenu, étreint, pétri, possédé avec une acuité de sensation extraordinaire, celle dont son esprit était occupé? Et avez-vous remarqué quelles surhumaines délices apportent ces bonnes fortunes du rêve! En quelles ivresses folles elles vous jettent, de quels spasmes fougueux elles vous secouent, et quelle tendresse infinie, caressante, pénétrante, elles vous enfoncent au coeur pour celle qu'on tient défaillante et chaude, en cette illusion adorable et brutale, qui semble une réalité. | |
»Sentí todo esto con una inolvidable violencia. Aquella mujer fue mía, tan mía que la tibia dulzura de su piel quedó en mis dedos, el olor de su piel quedó en mi cerebro, el sabor de sus besos quedó en mis labios, el sonido de su voz quedó en mis oídos, el círculo de su abrazo alrededor de mis riñones, y el encanto ardiente de su ternura en toda mi persona, mucho tiempo después de mi exquisito y decepcionante despertar. | «Tout cela, je l'ai ressenti avec une inoubliable violence. Cette femme fut à moi, tellement à moi que la tiède douceur de sa peau me restait aux doigts, l'odeur de sa peau me restait au cerveau, le goût de ses baisers me restait aux lèvres, le son de sa voix me restait aux oreilles, le cercle de son étreinte autour des reins, et le charme ardent de sa tendresse en toute ma personne, longtemps après mon réveil exquis et décevant. | |
»Y tres veces más, aquella misma noche, el sueño se repitió. | «Et trois fois en cette même nuit, le songe se renouvela. | |
»Llegado el día, ella me obsesionaba, me poseía, me llenaba la cabeza y los sentidos, hasta tal punto que no pasaba ni un segundo sin que pensara en ella. |
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«Le jour venu, elle m'obsédait, me possédait, me hantait la tête et les sens, à un tel point que je ne restais plus une seconde sans penser à elle. |
»Finalmente, sin saber qué hacer, me vestí y fui a verla. En su escalera temblaba de emoción, mi corazón latía alocado: un vehemente deseo me invadía desde los pies hasta los cabellos. | «A la fin, ne sachant que faire, je m'habillai et je l'allai voir. Dans son escalier j'étais ému à trembler, mon coeur battait, un désir véhément m'envahissait des pieds aux cheveux. | |
»Entré. Ella se levantó, envarada, apenas oí pronunciar mi nombre; y de pronto nuestros ojos se cruzaron con una sorprendente fijeza. Me senté. | «J'entrai. Elle se leva toute droite en entendant prononcer mon nom; et soudain nos yeux se croisèrent avec une surprenante fixité. Je m'assis. | |
»Balbuceé algunas banalidades que ella no pareció escuchar. Yo no sabía ni qué hacer ni qué decir; entonces, bruscamente, me arrojé sobre ella, la aferré entre mis brazos; y todo mi sueño se hizo realidad tan aprisa, tan fácilmente, tan locamente, que de pronto dudé de estar despierto... Ella fue mi amante durante dos años. | «Je balbutiai quelques banalités qu'elle ne semblait point écouter. Je ne savais que dire ni que faire; alors brusquement je me jetai sur elle, la saisissant à pleins bras; et tout mon rêve s'accomplit si vite, si facilement, si follement, que je doutai soudain d'être éveillé ... Elle fut pendant deux ans ma maîtresse ...» | |
-¿Qué conclusión saca de esto? -preguntó una voz. | -Qu'en concluez-vous? dit une voix. | |
El narrador parecía dudar. | Le conteur semblait hésiter. | |
-Llego a la conclusión... ¡llego a la conclusión de una coincidencia, por Dios! Y además, ¿quién sabe? Quizá hubo una mirada de ella que jamás observé y que me llegó esa tarde por uno de estos misteriosos e inconscientes giros de la memoria que nos traen a menudo cosas olvidadas por nuestra consciencia, que nos han pasado desapercibidas delante de nuestra inteligencia. | -J'en conclus ... je conclus à une coïncidence, parbleu! Et puis, qui sait? C'est peut-être un regard d'elle que je n'avais point remarqué et qui m'est revenu ce soir-là par un de ces mystérieux et inconscients rappels de mémoire qui nous représente souvent des choses négligées par notre conscience, passées inaperçues devant notre intelligence! | |
-Todo lo que usted quiera- concluyó uno de los comensales-, ¡pero si no cree en el magnetismo después de esto, es usted un ingrato, mi querido señor! | -Tout ce que vous voudrez, conclut un convive, mais si vous ne croyez pas au magnétisme après cela, vous êtes un ingrat mon cher monsieur! |