Colette

SIDONIE GABRIELLE COLETTE

"Canción de la bailarina - Chanson de la danseuse"

Biografía de Sidonie Gabrielle, Colette, en Wikipedia 
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CANCIÓN DE LA BAILARINA
CHANSON DE LA DANSEUSE
¡Oh tú, que danzarina me llamas, sabe hoy que no aprendí a danzar! Me encontraste juguetona y pequeña, danzando en el sendero y persiguiendo a mi sombra azul. Giraba como una abeja, y mis pies y mis cabellos, color de camino, se empolvaban con el polen de un polvo rubio.
Ô toi qui me nommes danseuse, sache, aujourd’hui, que je n’ai pas appris à danser. Tu m’as rencontrée petite et joueuse, dansant sur la route et chassant devant moi mon ombre bleue. Je virais comme une abeille, et le pollen d’une poussière blonde poudrait mes pieds et mes cheveux couleur de chemin...
Me viste venir de la fuente, meciendo el ánfora en mi cadera, mientras, al compás de mis pasos, sobre mi túnica saltaba el agua en redondas lágrimas, en serpientes de plata, en menudos cohetes rizados que ascendían, helados, hasta mi mejilla. Yo caminaba lenta, seria, mas llamaste danza a mis pasos. No mirabas mi rostro, seguías el movimiento de mis rodillas, el balanceo de mi talle, en la arena leías la forma de mis talones desnudos, la huella de mis dedos abiertos, que comparabas con la de cinco perlas desiguales.
 
Tu m’as vue revenir de la fontaine, berçant l’amphore au creux de ma hanche tandis que l’eau, au rythme de mon pas, sautait sur ma tunique en larmes rondes, en serpents d’argent, en courtes fusées et frisées qui montaient, glacées, jusqu’à ma joue...Je marchais lente, sérieuse, mais tu nommais mon pas une danse. Tu ne regardais pas mon visage, mais tu suivais le mouvement de mes genoux, le balancement de ma taille, tu lisais sur le sable la forme de mes talons nus, l’empreinte de mes doigts écartés, que tu comparais à celle de cinq perles inégales...
Me dijiste: «Coge esas flores, persigue esa mariposa...» Llamabas danza a mi carrera, y cada reverencia de mi cuerpo inclinado sobre los claveles purpúreos, y el ademán, repetido en cada flor, de echar atrás, por encima de mi hombro, un chal resbaladizo.
 
Tu m’as dit: "Cueille ces fleurs, poursuis ce papillon..." car tu nommais ma course une danse, et chaque révérence de mon corps penché sur les oeillets de pourpre, et le geste, à chaque fleur recommencé, de rejeter sur mon épaule une écharpe glissante...
En tu casa, sola entre tú y la alta llama de una lámpara, me dijiste: «¡Danza!» y no dancé.
 
Dans ta maison, seule entre toi et la flamme haute d’une lampe, tu m’as dit: "¡Danse!" et je n’ai pas dansé.
Pero desnuda en tus brazos, sujeta a tu lecho por la cinta de fuego del placer, me llamaste, sin embargo, danzarina, al ver agitarse bajo mi piel, desde mi pecho ofrecido a mis pies crispados, la inevitable voluptuosidad.
 
Mais nue dans tes bras, liée à ton lit par le ruban de feu du plaisir, tu m’as pourtant nommée danseuse, à voir bondir sous ma peau, de ma gorge renversée à mes pieds recourbés, la volupté inévitable...
Fatigada, anudé mis cabellos, y los contemplabas, dóciles, arrollados a mi frente como serpientes hechizadas por la flauta.
 
Lasse, j’ai renoué mes cheveux, et tu les regardais, dociles, s’enrouler à mon front comme un serpent que charme la flûte...
Abandoné tu casa mientras murmurabas: «La más hermosa de tus danzas no es cuando acudes corriendo, jadeante, poseída de un deseo irritado y atormentado ya, por el camino, el broche de tu vestido. Es cuando de mí te alejas, serena y con las rodillas temblorosas, y al alejarte me miras, tu barbilla en el hombro. Tu cuerpo me recuerda, oscila y titubea, me echan de menos tus caderas y tus senos me están agradecidos...Me miras, vuelta la cabeza, mientras tus pies adivinadores tantean y escogen su camino...
 
J’ai quitté ta maison durant tu murmurais: "La plus belle de tes danses, ce n’est pas quand tu accours, haletante, pleine d’un désir irrité et tourmentant déjà, sur le chemin, l’agrafe de ta robe... C’est quand tu t’éloignes de moi, calmée et les genoux fléchissants, et qu’en t’éloignant tu me regardes, le menton sur l’épaule...Ton corps se souvient de moi, oscille et hésite, tes hanches me regrettent et tes reins me remercient...Tu me regardes, la tête tournée, tandis que tes pieds divinateurs tâtent et choisissent leur route...
"Te vas, siempre pequeña y maquillada por el sol poniente, hasta no ser, en lo alto de la colina, más esbelta en tu túnica anaranjada que una llama vertical, que danza imperceptiblemente..."
 
"Tu t’en vas, toujours plus petite et fardée par le soleil couchant, jusqu’à n’être plus, en haut de la pente, toute mince dans ta robe orangée, qu’une flamme droite, que danse imperceptiblement..."
Si tú no me abandonas, iré danzando hasta mi blanca tumba.
 
Si tu ne me quitte pas, je m’en irai, dansant, vers ma tombe blanche.
Saludaré a la luz, que me hizo hermosa y me vio amada con una danza involuntaria, cada día más lenta.
 
D’une danse involontaire et chaque jour ralentie, je saluerai la lumière qui me fit belle et qui me vit aimée.
Una última danza trágica me enfrentará con la muerte, mas sólo lucharé para sucumbir con elegancia.
 
Une dernière danse tragique me mettra aux prises avec la mort, mais je ne lutterai que pour succomber avec grâce.
Que los dioses me concedan una caída armoniosa, juntos los brazos en mi frente, doblada una pierna y extendida la otra, como presta a franquear, de un salto ingrávido, el negro umbral del reino de las sombras...
 
Que les dieux m’accordent une chute harmonieuse, les bras joints au-dessus de mon front, une jambe pliée et l’autre étendue, comme prête à franchir, d’un bond léger, le seuil noir du royaume des ombres...
Me llamas danzarina, y, sin embargo, no sé bailar...
 
Tu me nommes danseuse, et pourtant je ne sais pas danser...
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